Femmes + Art = Fart?

A propos de la représentation sociale à un vernissage ou à une exposition…

« Tout homme, disait un jour M. G. dans une de ces conversations qu’il illumine d’un regard intense et d’un geste évocateur, tout homme qui n’est pas accablé par un de ces chagrins d’une nature trop positive pour ne pas absorber toutes les facultés, et qui s’ennuie au sein de la multitude, est un sot ! un sot ! et je le méprise ! »

Le Peintre de la Vie Moderne, III, L’Art Romantique, Charles Baudelaire

Aller à un vernissage ou à une exposition est devenu le prétexte systématique d’exploration des attitudes et des formes féminines. Tous deux sont lieux de représentation sociale des badauds, des collectionneurs, des artistes, des pique-assiettes, des fils à papa, des réguliers, parfois des touristes, en chaussures de randos pour les européens, en Uniqlo pour les japonais greffés à leurs smartphones à coque Hello Kitty. Un palimpseste socio-culturel se côtoie pour quelques heures, se souriant parfois, s’observant en chiens de faïence, se gênant spatialement, ou s’évitant cordialement. Mélange des genres ou pas. Parmi la foule, les femmes : acnéiques, fraiches, mûres, fripées, blettes, élégantes toutes à leur manière, avec sneakers ou talons, avec robe échancrée ou jean troué, chapeau, cheveux bleus ou casquette.

J’aime la mise en abîme de ces femmes, dos aux autres et face aux oeuvres, qui observent les oeuvres d’art, à moins que ce soient les oeuvres qui observent ces femmes, à moins qu’elles attendent que ce soient elles que l’on observe?

Les gestes, les attitudes, les poses travaillées et tous les apparats qui caractérisent une mise en scène réussie à un vernissage ou à une exposition, pour bien d’entre elles, sont travaillés dans la loge réservée à une représentation féminine et sociale au coeur de la célébration de l’art.

Les oeuvres ont parfois moins à nous raconter sur l’Art que ces femmes qui entament un jeu de séduction avec la foule, avec les lumières, avec l’espace d’exposition à travers lequel elles flirtent avec le sublime, oeuvres charnelles et émotionnelles, inconscientes et fardées, instinctives et égocentriques.

 


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